Histoires noires de la mythologie

Les combats d'Achille

Achille, particulièrement connu pour la faiblesse de son talon, est un personnage de légende plus complexe qu’il n’en a l’air. Mon appétence pour la mythologie a trouvé à se nourrir avec cette collection. Une mise en récit du mythe côtoie un complément plus factuel. Malgré l’aspect sombre de cette histoire, l’ouvrage est très pédagogique.

La mythologie a tendance à servir celui qui s’en prévaut. Les interprétations ou morales qui en sont tirées varient selon le message que cherche à transmettre l’auteurice. Si la partie narrative reste, ici, plutôt neutre, j’ai eu le sentiment d’un parti pris dans la documentation. Seule ombre à un ouvrage vraiment intéressant.

Achille, grand combattant, n’avait pas pour seule faiblesse un tendon, attribut physique. Il avait les tares de ceux qui peuvent se hisser au-dessus des autres, lui par sa force, d’autres par leur esprit ou leur naissance. J’ai apprécié que le récit ne se soit pas contenté de la partie la plus célèbre du mythe, sa chute lors de la guerre de Troie. Toute la vie du héros nous est narrée ici.

Ariane contre le Minotaure

Le mythe du Minotaure, je le connais davantage du point de vue de Jason. Ce récit donnant de la voix à Ariane a attisé ma curiosité.

Ce personnage féminin m’a plu. En dehors de l’amour, j’ai compris la mentalité de cette jeune femme. Appréhender l’origine et la fin de l’habitant du labyrinthe de Dédale au travers des yeux d’Ariane est intéressant. Si Jason le voyait comme un adversaire, un obstacle à faire tomber, ici, le “monstre” est perçu un peu différemment. J’ai apprécié suivre le cheminement des pensées le concernant.

Outre le mythe, la mise en avant des coutumes de cette culture est instructive. Les similitudes, notamment sur l’exercice du pouvoir, avec notre époque m’ont tirées un sourire. De même, le fait que notre héroïne soit sous-estimée m’a amusée, faisant écho autant à des récits dénonciateurs qu’à des propos, débats contemporains. Une telle prise de conscience à l’adolescence m’aurait été utile.

Rebelle Antigone

Le mythe d’Antigone est une histoire de famille. Si son nom ne m’était pas inconnu, son histoire quant à elle n’était pas de celles que je connaissais bien. C’est donc une redécouverte pour moi.

La jeune femme m’a plu par sa détermination. Tiraillée entre ses deux frères, elle est dans une situation impossible. Pourtant, elle reste fidèle à ses valeurs. Héroïne d’une tragédie où les hommes et leur soif de pouvoir font des dégâts, elle refuse de se plier à l'insensé.

L’aspect familial de ce récit m’a touché. Une famille ainsi déchirée, c’est toujours triste. J’avais beau connaître le dénouement funeste, je n’ai pas pu m’empêcher d’espérer. J’ai apprécié que son côté rebelle ne soit pas tant attribué à sa nature de femme qu’à un désir de ne pas sombrer dans le déshonneur.

Une lecture qui fait réfléchir sur l’obéissance aveugle ou l’action responsable.

Les larmes de Psyché

Je ne connaissais pas Psyché et son mythe. Une découverte intéressante.

Le poids de la foi dans cette culture m’impressionne à chaque fois. Ce peuple prêt à des folies pour contenter les Dieux est la base de nombre de mythes. Pour autant, les interventions divines directes ne sont pas systématique et c’est l’une des choses qui m'a intriguée ici.

Cette jeune femme a la naïveté de celle qui a grandi dans un cocon doré. Est-ce sa curiosité ou sa peur qui aura raison de son bonheur ? Son bon cœur la rend influençable et la mène à sa perte. Cela m’a mené à différentes réflexions, sur l’origine des doutes notamment.

Ce récit aussi prévisible qu'inattendu en fait une lecture appréciable. Je crois qu’il y a des leçons à tirer de chaque étape de la vie de Psyché. La place de la famille, l’importance accordée à la beauté, la confiance en amour, le revers de la convoitise, etc. L'histoire narrée comme dans un journal m'a emportée entre ses pages.

La quête d'Isis

Si elle m’intéresse également, je suis moins au point niveau connaissance de la mythologie égyptienne. J’ai tendance à m'emmêler un peu dans leur panthéon. Cela ne m’a aucunement empêché de profiter pleinement de cette lecture.

J’ai été impressionnée par l’amour d’Isis qui pourrait soulever des montagnes. J’ai rapidement ressenti de la compassion pour elle. Elle m’a semblé aussi sanguine que bienveillante. Si elle s’emporte en pensée, elle œuvre pour le mieux. Sa façon d’être réfléchie m’a laissée songeuse.

Dans mes lectures reprenant ces protagonistes, c’est souvent Seth qui est le plus à l’honneur. J’ai apprécié de découvrir davantage celle qui ne s’est pas soumise à sa volonté, sa violence. La culture égyptienne qui transparaît dans ce récit est intéressante. Cela me donne envie de me tourner vers d’autres romans y prenant place.

Prométhée le révolté

Du mythe de Prométhée, je ne connaissais que le don du feu aux hommes et la sanction qui en a découlé. J’ai ici découvert le contexte, ce qui c’est passé avant et après ce dont j’avais connaissance.

Ce personnage reconnu pour son intelligence est aussi agaçant qu’attachant pour moi. Sa vision du monde humain est touchante alors que sa perception de la communauté divine est un peu triste. Le côté Dieux imparfaits me rend ceux-ci moins antipathique. Pandore, célèbre pour la boîte qu’elle ouvre, m’est apparue sous un jour différent ici.

On retrouve dans ce récit le fameux “créé à son image”. J’ai apprécié l’accent mis sur l’évolution inattendue des humains, la crainte au sein du panthéon de ce qu'on ne peut contrôler cacher sous leur orgueil. La fatalité éternelle du fils tuant son père, de la création détruisant son créateur, m’a touchée. J’avoue avoir une pensée qui a fait le rapprochement avec l’humanité consumant la nature qui l’a fait naître.

Romulus et Remus, fils de Mars

J’ai un peu du mal à comprendre le mythe autour des fils de Mars. Plus exactement, je n’arrive pas à tirer de réflexion de cette histoire. Or, généralement, un mythe apporte quelque chose sur quoi méditer.

Une fratrie fusionnelle qui se déchire, c'est toujours triste. Si l’intervention de la louve est touchante, une fois adulte ils tiennent davantage du Dieu de la Guerre. Lorsqu’ils s’opposent sur une même idée, ils optent pour la violence plutôt que pour une communication qui devrait être facilitée par leur gémellité. Le “vainqueur” se posant en sachant fait écho à la culture romaine qui va en découler.

Je savais que ce mythe était lié à la création de Rome. Toutefois, je n’avais pas idée des conditions de citoyenneté ou des moyens d’expansion utilisés. J’ai trouvé cela intéressant. C’est ainsi donc que les romains imaginaient la naissance de leur civilisation ?

Orphée aux Enfers

Orphée c’est l’histoire de la détermination farouche malgré laquelle on finit les mains vides. Un mythe touchant.

Ce personnage m’attendrit. Passionné, amoureux, déterminé, j’ai forcément envie qu’il atteigne son objectif. L’absence d’intérêt qu’il accorde au regard des autres me le rend sympathique. Son talent lui apportera un soutien qui n’a pas de prix tandis que son ambition lui permettra de ne pas reculer devant les obstacles. C’est impossible mais il le fait quand même.

Lors de sa descente aux enfers, outre la rencontre avec Charon et Cerbère, c’est celle avec Hadès et Perséphone qui m’a le plus marquée. En fait, j’ai aimé sentir l’influence de cette dernière sur le Dieu des Enfers.

Une collection pédagogique qui vaut le détour.

Editions Nathan